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10 mars 2009 2 10 /03 /mars /2009 19:05

Le voyage forme-t-il encore l’homme ?

 

 

« Moi, Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »

Saint-Jean 14, 6-14

 

Nomadisme originaire

 

Les hommes n’ont pu devenir sédentaires qu’avec l’agriculture, puis les ressources alimentaires devenant suffisantes, ils ont construit des villes. Depuis sédentaires et nomades ont cohabité plus ou moins bien.

 

La vie des cités grecques a amené une pensée philosophique centrée sur l’ordre cosmique, le but de la vie étant d’accomplir la perfection propre à sa nature et ceci à sa place dans le cosmos. La notion de progrès n’existe pas. Le temps est circulaire. L’espace est sacralisé. Conception immanente de l’univers.

 

Les nomades (sémites par exemple) sont passé du temps circulaire à la flèche du temps (d’où la notion de création). Ils ont désacralisé l’espace, mis l’accent sur la temporalité et surtout sur l’altérité, jusqu’à la transcendance. Création et non émanation. Intériorisation.

 

L’être humain est alors un pèlerin qui mène un chemin d’existence devant lui permettre d’effectuer un progrès. Il actualise. Il n’est pas un être dont l’essence est toute faite à la naissance et dont les actes seraient un simple déploiement de l’être dans le temps. Le voyageur construit son essence au fur et à mesure des expériences de son voyage.

Par delà la découverte de lieux intéressants, il fera surtout des rencontres sous réserve d’être à l’écoute active d’une présence : celle de ses semblables et pour le croyant celle de son créateur.

 

Voyage et littérature

 

Odyssée

Graal

Montaigne

Cervantès, Don Quichotte

Le Juif Errant

Romantiques : Chateaubriand, Lamartine

Thoreau, Walking

Jules Vernes

Baudelaire, Le Voyage

 

Pèlerinages

 

Jérusalem, Rome, Compostelle, Lourdes, La Mecque

 

Existence

 

La perception que nous avons de l’existence est celle d’un flux temporel qui s’écoule inexorablement.

Comparaison avec un voyage qui s’étale dans l’espace.

Suite d’événements qui interrogent le sujet, provoquent des réactions de sa part.

 

Vie des êtres vivants et organisés

 

Fondée sur : la perception de l’environnement extérieur, la mémoire (cumulative), la possibilité d’agir sur l’extérieur et de se modifier.

La vie organique se déploie dans un cheminement.

Ce cheminement, d’une part oppose une résistance à la vie, un mal, une souffrance, d’autre part donne des possibilités d’évolution de cet organisme du fait de sa capacité à s’adapter aux situations inconnues, en se modifiant.

Cette vie permet au vivant de sortir d’une condition originelle pour construire une nouvelle condition. La graine abandonne sa condition pour se métamorphoser en épi de blé.

 

Question :

Pourquoi cette nécessité de transformations sans fin ?

Pourquoi l’épreuve, le mal, la souffrance ? Peut-être l’entropie qui désorganise ?

 

 

Voyage et existence

 

La vie intelligente, réflexive, exige une mise à distance du réel. Il faut sortir du moi.

Le voyage  est semblable à cette vie qui s’écoule en quête de sens. Le sujet humain ne peut se construire que par confrontation (plutôt tension, polarité) avec le monde réel, les événements et la rencontre d’autrui. Un état statique signifierait la mort. La vie humaine est un effort permanent pour constituer la personne. Elle s’effectue non par accroissement ou assimilation mais par transformations successives.

 

Transformation, transfiguration, divinisation, transvaluation, transduction, transmigration, renaissance, métamorphose, transmutation, émergence, etc.

 

Dépense, consommation des ressources externes  => transformation intérieure du sujet

 

Voyage

 

Le voyage est une clef pour sortir du corps, de l’espace, du temps. Le désir, la frustration, le manque sont probablement les moteurs du processus

Espace, temps et corps sont la prison du moi.

Clôture du sujet.

Vie où il ne se passe rien : Le Désert des tartares de Dino Buzzati.

Une vie passée dans le monde imaginaire sans rupture de l’isolement du moi mène à la mélancolie, à l’anéantissement du sujet.

.

# Voyage à l’époque des philosophies réalistes (Grecs jusqu’au Moyen-Âge)

Autrefois la fin du voyage était un retour, une conversion, un retour à l’origine ou au principe, retour suite à l’égarement ?

Rejoindre le lieu propre à sa nature (essence) au sein du cosmos.

Le voyage est un cheminement spirituel qui permet le retour au réel qu’il suffisait de contempler et non de chercher dans l’imaginaire ou le concept.

Expérience religieuse de rencontre avec le divin. Voyage Mystique.

Chemin de la perfection, Montée au Carmel.

 

# Passage du réalisme à l’idéalisme. (à partir de Descartes)

Aujourd’hui il s’agit de progrès, voire d’utopie, de suppression de toute aliénation.

Conquérir la nature pour assurer le progrès, construire l’homme nouveau.

Le voyage est un cheminement vers le nouveau, vers une condition meilleure permise par la raison et le progrès scientifique et technique.

 

La seule sortie dans l’espace et le temps (physique newtonienne, science moderne) ouvre sur la connaissance scientifique et la technique.

Seul le risque de franchir la distance infinie qui me sépare d’autrui permet la rencontre entre personnes et la possibilité de tenter une communauté humaine.

 

Il faut entrer dans l’univers de la liberté, de l’interaction, de l’émergence, de l’inconnu, de l’imprévisible, du risque d’être déçu ou trompé, de l’empathie, de la valeur.

Aristote, Kierkegaard, Levinas, Ricœur, Henry, Marion.

 

Le voyage est le lieu spatio-temporel et intérieur de cette quête.

Le cheminement intérieur peut emprunter la voie de l’inconscient, donnant place aux émotions, aux sentiments, aux passions, aux croyances. 

Mécanisme d’apprentissage

 Chaque événement est perçu, représenté. Il est traité aussi bien au niveau des émotions que de la raison discursive. Des comportements sont enregistrés, des données mémorisées. L’expérience de la vie se forge ainsi.

 Voyageur ou vagabond

 Jean Brun, Les vagabonds de l’Occident, Desclée 1976 

Jean Brun montre comment l’homme moderne a remplacé le voyage comme déverrouillage de la clôture du moi par la croyance illimitée dans le progrès technique. L’homme contemporain, adepte des doctrines de la déconstruction du moi, est devenu un vagabond en pleine errance.

 Terme du voyage

 La connaissance de l’univers
La sagesse

La perfection de l’être

L’épanouissement de l’individu

La puissance vitale maximale

L’harmonie avec le cosmos

Le paradis

Les lendemains qui chantent

Une rencontre avec autrui

Une présence

La présence de l’absolu

La satisfaction de tous ses désirs

L’extinction de tous les désirs

Une transformation émergeant sur un ailleurs

La béatitude

L’extase

Le bonheur

Le bien commun

L’universel

 

On a en général une amélioration.

 

Conclusion

 

« Accroche ton char à une étoile », Rabindrana Tagore

 

La dignité d’une pensée se mesure à la noblesse des fins qu’elle se donne.

Une valeur n’est authentique que si elle vise l’absolu, le sacré au sens de ce qui justifie le sacrifice ultime.

 

Le vagabondage existentiel est une fuite, un refus d’affronter le tragique propre à la finitude des hommes. L’imaginaire l’emporte, doublant un réel insuffisamment gratifiant, mais sans issue.

 

L’Occident contemporain propose une philosophie fondée sur l’idée rationnelle et universelle.

C'est-à-dire sur un arrière monde intellectuel. La raison est première. La relation interpersonnelle est au second plan. Foi, croyance, confiance sont reléguées au niveau de la superstition populaire.

 

Un humanisme authentique redonne la primauté à l’expérience humaine, même si la raison doit compter avec les aléas de toute relation humaine et accepter la confiance, le crédit accordé à autrui, non rationnel et toujours soumis à risque.

 

Le christianisme propose une communauté de personnes humaines. La relation intersubjective  est première. Cette communauté est fondée sur une rencontre, une alliance avec Dieu, par la médiation du Christ. C’est le chemin proposé par l’Evangile. La foi y est indispensable.

 

Dans tous les cas, le voyage intérieur alimente la conscience. Le sujet clôt sur lui-même doit exercer un effort permanent pour être relié au réel, réel indispensable pour assurer sa transformation continue, seule voie d’une individuation positive. Oui, la vie humaine est un voyage.

 

 

Jean-Claude

 

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